Boîte aux lettres de dénonciation de cas de violences

Face aux cas de violences qui surfacent auprès de leur direction, dans la presse, ou qui restent étouffées, les lanceurs et lanceuse d'alerte doivent être entendu.es et accompagné.e.s.

Depuis deux ans, le secteur social, et plus particulièrement le domaine du handicap, est sous le feu de l'actualité. La surcharge de travail, le climat de violence, l’absentéisme élevé et les cas de maltraitance dénoncés dans la presse se sont multipliés. D’autres cas de violences ont été constatés mais n’ont pas été pris en charge comme ils auraient dû. Des membres du personnel travaillant dans le secteur social qui sont représenté.e.s par le syndicat SSP se sont réuni.e.s pour faire entendre leurs voix et donner à nouveau un signal d’alarme.

Les évènements de maltraitances dénoncés dans la presse, que nous ne cautionnons pas, prennent leurs racines dans le manque d’écoute du personnel de terrain et de moyens alloués à ce secteur. Le secteur social a comme mission, en tant que service public, de soutenir et d’accompagner une partie de la population, souvent vulnérable. Ces prestations sociales ont un coût, mais elles sont essentielles et ne peuvent être réduites sans conséquence. La pandémie, ainsi qu’un budget cantonal qui n’alloue pas tous les moyens nécessaires pour un secteur déjà en difficulté, n’ont fait qu’accélérer la mise en évidence du problème.

Depuis trois décennies, nous observons une tendance croissante à la privatisation du secteur social, où les fondations privées deviennent des acteurs clés du financement. À la tête de ces institutions, des dirigeant.e.s issus du secteur privé prennent les rênes sans véritable expérience du terrain ni compréhension des besoins spécifiques des personnes prises en charge. Ces établissements sont alors gérés comme des entreprises. Les conséquences sont palpables : les équipes travaillent en sous-effectif, sont constamment sous pression managériale et se voient imposer une pseudo-gestion horizontale. Cette situation mène à des taux alarmants de burnout, un turn-over élevé et jusqu'à 15% des employé.e.s en arrêt maladie.

Ces problématiques contribuent non seulement à une prise en charge amoindrie des bénéficiaires, mais aussi à un silence pesant au sein des équipes. Dans certains établissements, on peut même parler d'un climat de peur. Les professionnel.le.s, se sentant marginalisé.e.s, hésitent de plus en plus à dénoncer des situations de maltraitance, craignant des répercussions sur leur propre emploi.

Le SSP Genève a donc décidé d’ouvrir un boite email qui permettra à tou.te.s employé.e.s de communiquer avec le syndicat en toute confidentialité afin de dénoncer des abus qu’ielle n’aurait pas osé faire sur son lieu de travail. Le SSP se chargera de vérifier les sources pour ensuite, faire remonter l’information aux employeurs dans le cadre du partenariat social. Ainsi les cas d’abus pourront remonter, des membres du personnel n’auront pas à porter le poids de ces procédures et le syndicat pour s’assurer du suivi de ce genre d’affaire autant sur un plan managérial, que politique.

Le SSP se réserve également le droit de communiquer ces informations à la presse ou d'organiser des actions pour les rendre visibles. Si jamais certaines directions étaient tentées de maintenir une omerta sur des situations problématiques, comme cela nous a déjà été rapporté par des lanceurs d'alerte.