«En tant qu'employé de la Ville de Genève, les décisions du conseil municipal affectent directement ma qualité de vie, celle de ma famille, celle de toutes et tous mes collègues et leurs familles.
Blocage des salaires
Le blocage des annuités, qui nous permettent une augmentation de salaire chaque fin d’année, représente un manque-à-gagner pour tout le monde. Celle-ci peut aller de 50 à 300 francs par mois. J’ai déjà fait des achats en comptant sur ce montant. Si on me le supprime, j’aurai un vrai problème.
À la Ville de Genève, nous avons un système un peu spécial concernant le treizième salaire: ce dernier se monte à 50% d’un salaire mensuel à l’engagement, puis augmente de 5% chaque année, durant dix ans. Or là, ils veulent couper sa progression. C’est encore une perte de revenu pour nous, qui se répercutera ensuite sur nos rentes de retraite !
Toutes ces réductions sont un manque de respect total pour des travailleuses et travailleurs qui donnent tout ce qu'ils ont à la communauté.
Sans nous, rien ne tourne
Sans nous, il n'y a pas de collecte des ordures, pas de nettoyage des rues. Nous n'aurions pas les beaux jardins qui sont visités par des milliers de touristes chaque année. Il n'y aurait pas d'installations sportives, de piscines, de musées, de parcs dans la ville. Il n'y aurait pas non plus la sécurité que la police municipale garanti aux citoyen-ne-s. Et bien d’autres choses que j’oublie.
À lire les médias, on a l’impression que les employé-e-s de la Ville sont des privilégié-e-s. On retrouve cette idée en voyant les nombreux commentaires qui suivent les reportages réalisés par divers journaux. Or cette idée est fausse.
Pas des privilégié-e-s!
Nous touchons un salaire normal, et même un salaire en-dessous de la moyenne. En cherchant sur google, on apprend que le montant du salaire brut moyen à Genève se monte à 5904 francs mensuels. Or je peux garantir que beaucoup de collègues rêvent d'un tel salaire!
Quant à celles et ceux qui travaillent le week-end, ce qu'ils reçoivent en compensation est loin de ce qui est généralement pratiqué dans l’économie – à l'exception de l'hôtellerie-restauration et du commerce.
Nombre d’entre nous travaillons en effet le week-end. Nous sacrifions du temps que nous pourrions passer avec nos familles, pour offrir aux habitant-e-s de la ville des moments de loisirs avec leurs proches. Pourtant, la compensation que nous recevons pour ce travail le week-end ne représente, dans bien des cas, même pas 50% d'une journée de travail pour chaque week-end, avec une allocation qui n'est même pas suffisante pour acheter un sandwich!
Nous ne payerons pas la facture
Pendant la pandémie, nous avons toutes et tous continué à travailler. Nous avons pris les risques inhérents à l'exposition au virus, à une époque où il n'y avait pas encore de vaccins. Nous nous sommes ainsi mis-e-s en danger, ainsi que nos familles.
Et aujourd’hui, c'est ainsi que nous sommes remerciés pour nos efforts!
Il n’est pas correct que ce soient les travailleurs et travailleuses qui doivent payer la facture aujourd’hui. Peut-être que si les Messieurs et les Mesdames qui gèrent cette ville arrêtaient de faire de la politique et commençaient vraiment à la gérer, l’argent des contribuables serait moins facilement gaspillé.
C’est pour cela que je m’organiserai avec les collègues pour faire grève le 30 septembre!»
Contexte
Le personnel fera grève le 30 septembre
Jeudi 2 septembre, une assemblée générale du personnel de la Ville de Genève a voté un préavis de grève pour le 30 septembre. Soutenu-e-s par les syndicats SSP et SIT, les salarié-e-s exigent que le Conseil administratif renonce au blocage des mécanismes salariaux, décidé dans le cadre du projet de budget 2022.
L’exécutif de la Ville a annoncé une triple attaque sur les mécanismes salariaux: blocage des annuités pour 2022, blocage du treizième salaire progressif et blocage de la prime d’ancienneté. Le tout est couronné par la non-indexation des salaires. Ces mesures entraîneraient la diminution des rémunérations et rentes de retraite touchées par les employé-e-s de la Ville. Six millions de francs seraient ainsi économisés sur le dos du personnel. Objectif: combler le trou dans les finances communales provoqué par la baisse de l’imposition sur le bénéfice des entreprises (RFFA), combinée aux mesures budgétaires liées au Covid-19.
Salarié-e-s et syndicats dénoncent aussi l’immobilisme du Conseil administratif sur plusieurs dossiers, pourtant urgents pour le personnel: négociation sur la liste des fonctions pénibles, inconvénients de service horaire, révision du Statut du personnel (article 74) visant à reporter de deux ans le droit d’obtenir une réduction de la durée du travail – qui s’ouvre aujourd’hui dès 57 ans.
La grève du 30 septembre aura pour objectif d’appuyer les revendications du personnel. Elle sera suivie d’une manifestation en ville de Genève. Celle-ci se conclura par une assemblée générale, qui décidera de la poursuite des actions.