Soutien aux employé.e.s et aux utilisateurices de la Ludothèque du Petit-Saconnex

Communiqué de la commission féministe

Source image : www.pourlasolidarite.eu

La Ludothèque du Petit-Saconnex avait organisé une soirée jeux en mixité choisie le 28 janvier dernier afin de répondre à un besoin qui leur avait été communiqué par quelques usagères. Le PLR ville de Genève est le premier à communiquer contre l’événement, appelant à ce que la Ville intervienne afin “de faire cesser ces pratiques qui visent à nous diviser”. Il sera suivi par un compte Instagram d’extrême-droite appelant à harceler la ludothèque et à se rendre sur place pendant la soirée “afin d’éviter l’exclusion des jeunes garçons blancs « cisgenres »”, un appel qui sera largement partagé à l’extrême droite. Sous la pression, notamment de voir venir des personnes d’extrême droite participer à cet événement qui se voulait pour « développer un vivre ensemble plus harmonieux », les employé.e.s ont annulé la soirée.


Le groupe féministe du SSP, syndicat qui représente les employé.e.s des services publics et subventionnés, dénonce la déferlante de haine qu’ont subi les employé.e.s de la Ludothèque. La liberté de réunion permet également à des groupes de personnes de se réunir selon leurs propres critères de participation. Peu importe le nom qu’elle porte, la non-mixité a toujours été utilisée. D’abord, par les femmes exclues de nombreux lieux publics, où l’accès leur était interdit, qui souhaitaient simplement se rencontrer lors de réunions qui étaient de facto, en non-mixité. Ensuite, par des groupes politiques et syndicales.aux, afin de revendiquer des droits qui leurs sont propres. Cela permet d’extérioriser des expériences vécues de sexisme ou d’autres formes de discriminations, qui ne s’exprimeraient pas sinon. On n’aurait pas idée d’avoir un employeur présent lors de réunions d’employé.e.s dans un syndicat, alors pourquoi ne pas accepter que des personnes se rencontrent sans des hommes cisgenres, lorsque l’on traite de sexisme ?


Le PLR dénonce une « pratique qui divise » : il tente de renverser la responsabilité du sexisme aux personnes qui en sont victimes et aux éducateurices socioculturel.le.s qui travaillent tous les jours pour les supprimer. La division genrée de la société existe depuis bien trop longtemps, et ce n’est certainement pas une soirée souhaitant supprimer les stéréotypes, véhiculés notamment par le jeu, qui aurait creusé cette division. Il faut savoir aborder les stéréotypes pour pouvoir les détruire. La non-mixité est un moyen de lutter contre la confiscation de la parole et elle sert les personnes appartenant à un ou plusieurs groupes sociaux considérés comme opprimés ou discriminés. Les évolutions sociétales féministes obtenues grâce à la Grève féministe, et son organisation en non-mixité, en sont la preuve. Cela permet un espace libérateur, sans jugement, où se retrouver dans des complicités implicites.

La Ludothèque et ses usager.e.s voulaient entamer une réflexion utile et développer un vivre ensemble plus harmonieux. On se souviendra que le PLR préfère se concentrer sur l’aspect de l’exclusion des personnes bénéficiant déjà du système patriarcal, plutôt que de participer à la suppression de stéréotypes. Le sexisme structurel a de beaux jours devant lui avec ce genre de politique.

Genève, le 3.02.2022