Un projet de budget 2024 "de classes"

de: SSP Genève

Les salaires baissent, le service public est insuffisamment doté, la qualité des prestations se dégradent mais le Conseil d’Etat préserve les riches.

Valdemar Verissimo

Avec les 2,5 milliards de recettes fiscales supplémentaires engrangées ces trois dernières années, le Conseil d’Etat disposait d’une manne suffisante pour redonner un peu de souffle aux services publics pour simplement faire face aux besoins de l’augmentation de la population. Dogmatique, il présente, à travers ce budget, la politique fiscale qu'il entend mener ces prochaines années, à savoir celle de l'austérité.

Le SSP constate que les mécanismes salariaux, inscrits rappelons-le dans la loi, sont enfin respectés sans inventer un moyen pour les supprimer.

Gros points noirs : aucune indexation des salaires n'est budgétée. Aucune compensation de la baisse réelle des salaires n'est envisagée, alors que sur les trois dernières années, l'inflation atteint 5 % !

Le Conseil d’Etat a donc consciemment décidé que les salariés de l’Etat comme du privé n'avaient qu'à faire face aux hausses historiques et incompressibles du coût de la vie (loyer, assurance- maladie, énergie, alimentation en particulier). Ces hausses vont se poursuivre l’an prochain. C’est la raison pour laquelle nous demandons une augmentation des salaires de 5% pour faire face réellement au renchérissement.

Autre aspect important : celui qui concerne les effectifs de la fonction publique. Depuis des années, les postes nécessaires à maintenir la qualité des soins, de l’enseignement et plus généralement de la vie sociale sont coupés par la droite du parlement cantonal et remplacés en urgence par une armada d’auxiliaires ou d’intérimaires. Il n’est pas étonnant que de tels bricolages ne répondent pas aux besoins de la population et favorisent le stress, la démotivation et l’absentéisme du personnel. La maigre augmentation de postes (355 ETP) inscrite au budget est largement insuffisante. Il suffit pour s’en convaincre de rappeler que plus de 2000 nouveaux élèves ont commencé l’école obligatoire cet automne, sans compter les élèves à besoins spécifiques dont certains ne peuvent même pas être accueillis ou la vétusté de bâtiments que la canicule a révélée. Il suffit d’indiquer que certains services de l’état, comme des foyers de l’OMP, l’OCPM, l’accueil des jeunes migrant.es ou La Clairière, se trouvent dans une situation catastrophique, que les postes prévus par la nouvelle loi sur l’aide sociale et la lutte contre la précarité sont réduits à la portion congrue. Sans compter le domaine des soins où les HUG comme l’IMAD réduisent les droits du personnel pour faire face au manque d’infirmières, d’ASSC ou d’aides, sans compter que le service des urgences est débordé depuis longtemps.

Par conséquent, nous exigeons une nouvelle fois que le Conseil d’Etat et le Grand Conseil décident de doter les services publics du personnel nécessaire pour qu’ils répondent aux besoins de la population.

Nous constatons tous les jours l’épuisement et la démotivation du personnel, en particulier des personnes qui travaillent sur le terrain, dans les chambres d’hôpital, au domicile de personnes âgées, dans des écoles, dans les foyers d’accueil ou encore dans divers services de l’administration et de l’Université. C’est là, sur le terrain que les postes manquent cruellement. La droite du parlement qui prône inlassablement des baisses d’impôt dont les principaux bénéficiaires sont celles et ceux qui ne sont pas affectés par le renchérissement pourrait regretter ses positions obtuses lorsque la dégradation de la vie sociale deviendra plus visible. Car comme nous le savons c’est la qualité des services publics, de l’école à l’hôpital, de la voirie à l’université, qui garantit la qualité de la vie de toute la population.

À travers ce projet de budget, le nouveau gouvernement confirme sa volonté de faire des économies sur le dos de la population et des salariés pour préserver les privilèges des plus fortunés et des grandes entreprises. Le SSP observe que le gouvernement fait tout pour inciter les fonctionnaires à descendre dans la rue. Nos collègues vaudois-e-s ont montré la voie lors des mobilisations en début d'année, alors qu'aucune indexation ne leur était accordée. Le gouvernement genevois sera seul responsable de la probable gabegie qui se profile cet automne.

Dès à présent, le SSP appelle le personnel à organiser des assemblées sur leur lieu de travail pour envisager des mesures de lutte. Il est très probable que de telles mesures seront nécessaires pour pousser le gouvernement à revoir son projet de budget 2024. Sans contrainte, le personnel verra, une nouvelle fois cette année, son salaire réel baisser.