CPEG - Ils sont sourds ? La mobilisation pour les soigner !

Le 6 février, l’Assemblée des délégué-e-s de la CPEG a refusé par 115 NON contre 4 OUI et 7 abstentions, le projet de loi du Conseil d’Etat et a approuvé par 124 OUI, 0 NON et 3 abstentions, le projet de loi de la gauche et du MCG. C’est ce que veulent les représentant-e-s des assuré-e-s !

Possible sur Vaud…

Placé devant un préavis de grève pour le 6 février, le Conseil d’Etat vaudois a décidé : il demande au Conseil d’administration de la Caisse de prévoyance du Canton de Vaud, la CPEV, de retirer les mesures dites « d’assainissement » qu’il s’apprêtait à prendre.

Parmi celles-ci, l’élévation de deux ans de l’âge de départ à la retraite, de l’âge-pivot, un air bien connu à l’Ouest de la Versoix. Mais, contrairement à Genève, l’assainissement prévu de la CPEV n’envisageait ni le passage en primauté des cotisations, ni le désengagement financier partiel de l’Etat.

Homme fort du Conseil d’Etat vaudois, Pierre Yves Maillard explique dans la presse que « les rendements des caisses » étant « parmi les plus hauts(…), ni les fonctionnaires ni les contribuables ne veulent payer plus ». Il a compris la leçon, celle que lui ont faite, le 25 janvier, les salarié-e-s de l’Etat qui se sont mis en grève avant de défiler par milliers dans les rues de Lausanne.

… mais pas à Genève ?

Comme pour la CPEV, les résultats financiers de la Caisse de pension genevoise, la CPEG, sont « parmi les plus hauts », ils sont même les plus hauts de tous !

Alors qu’en 2017 la performance moyenne des caisses de pension de toute la Suisse a été de 7%, que celle de la CPEV l’a été de 8%, celle de la CPEG a atteint le sommet avec un rendement de l’ordre de 9,5% !

Malgré un nombre particulièrement élevé de départs à la retraite en 2017 suite à l’élévation de l’âge pivot imposée par le Comité de la CPEG, la fortune nette de la caisse a augmenté de 1,088 milliards de francs entre fin 2016 et fin 2017 alors que le fameux taux de couverture –qui doit, d’après la LCPEG atteindre 60% en 2020- a passé durant la même période de 57,4% à 61,2% !

Certes, de tels exploits sont d’abord dus à une situation boursière particulière dont les analystes presque unanimes prédisent la poursuite en tous les cas durant l’année qui vient de commencer. Mais ils résultent aussi en partie des sacrifices déjà consentis par les affilié-e-s à la CPEG qui, depuis sa création en 2014, a réduit de 17% ses prestations aux assurés.

Durs de la feuille?

Contrairement à Monsieur Maillard, le gouvernement genevois s’entête à vouloir imposer sa réforme de la LCPEG. D’après le Conseil d’Etat lui-même, avec sa réforme, « 82% de la population d’assurés verraient leurs prestations de retraite diminuer » (PL 12188, exposé des motifs, p. 26) De plus, la cotisation payée par le personnel serait augmentée de 11% pour des rentes réduites de plus de 4%. Sans oublier le passage en primauté des cotisations et une précarisation du droit à la retraite anticipée avec rente pleine pour un travail physiquement pénible.

Que moins de cinq ans après l’entrée en vigueur de la LCPEG, celle-ci fasse déjà l’objet de propositions de modification d’une telle portée montre l’incompétence de ses auteurs, qui sont en partie les mêmes qui proposent aujourd’hui de la réformer !

D’ailleurs, d’après une étude réalisée en janvier par la société CONINCO, malgré les sacrifices demandés, le risque de revoir la CPEG en situation de sous-couverture au bout de cinq ans serait de l’ordre de 70% !

Et comme à toute nouvelle sous-couverture, ce sont de nouveaux sacrifices qu’on exige…

Crions plus fort !

Pourtant, une mesure solide garantissant l’équilibre à long terme de la CPEG existe: c’est l’initiative conjointe de l’ASLOCA et du Cartel. Déposée avec plus de 12'000 signatures en décembre, elle permettrait de recapitaliser la CPEG par la cession par l’Etat de terrains constructibles et de propriétés immobilières à la caisse.

Un projet de loi qui reprend les principales dispositions de cette initiative est actuellement entre les mains des députés.

Moins coûteux pour le contribuable que celui du Conseil d’Etat, il prévoit que, à travers une opération de prêt simultané immédiat avec cession ultérieure de terrains à la CPEG, si elle le demande, l’Etat contribue à une capitalisation complémentaire de la caisse à hauteur de 75% de ses obligations.

D’abord, ce projet garantit le maintien de la primauté des prestations et les prestations à hauteur de ce qu’elles étaient au 1er janvier 2018 : il permet ainsi de sauvegarder les rentes.

Ensuite, le projet garantit la durabilité de la capitalisation complémentaire. En effet, contrairement aux actions -et compte-tenu du contexte genevois-, l’immobilier constitue –ce sont les mots d’une étude récente d’économistes de la Bundesbank, de la FED et des universités de Bonn et de Californie [1]- « le placement le plus performant de l’histoire moderne ».

De plus, cette solution répondrait à un besoin social urgent, la construction de logements à loyers abordables dont pourrait bénéficier une part importante de la population.

Oui, mais comment ?

Voilà que ce qui a été possible dans le Canton de Vaud l’est aussi à Genève car la détérioration de nos conditions de retraite n’est pas une fatalité. Mais, comme le 25 janvier dans le Canton voisin, il faudra crier encore plus fort que nous l’avons fait jusqu’à aujourd’hui…

Par la mobilisation, pardi !

Partout, sur les lieux de travail, des assemblées d’information doivent être tenues pour que la discussion sur l’avenir de notre caisse, de l’argent de nos retraites, ne soit pas laissé aux dits « spécialistes ».

Et c’est à une Assemblée générale du personnel – à convoquer rapidement de décider des mesures de lutte, seul remède à la surdité de ceux qui nous gouvernent. Nos collègues Vaudois-es l’ont prouvé…

[1] O. Jordà, K, Knoll, D. Kuvshinov, M. Schularick et A. Taylor, The rate of Return on Everything, 1870-2015


Nos revendications demeurent : Retrait du PL 12188 du Conseil d’Etat, soutien au PL 12228 de l’Alternative-MCG, capitalisation à la seule charge de l’employeur, maintien des prestations et du système de la primauté des prestations, refus du 2e plan structurel (-10 %), engagement du personnel nécessaire à la bonne marche des services, indexation pleine pour le secteur subventionné, transfert des personnels EMS à la CPEG, revalorisation des fonctions et des salaires, indexation des salaires + 1,2 % (comme à la ville de Genève!)

Tract SSP à télécharger et à diffuser