Préambule
Alors que la catastrophe écologique en cours s'aggrave, le système capitaliste (même dans la version où il prétend être devenu « vert »), poursuit sa course folle, vampirisant la force de travail et brûlant les ressources naturelles, renforçant les inégalités et mettant en péril la survie de l'humanité.
S'il y a une seule humanité, les responsabilités sont pourtant différenciées; entre les Etats évidemment, mais également entre les personnes les plus riches et les plus pauvres. Il est démontré que le pour cent le plus riche, avec sa consommation abyssale et ses investissements criminels, est aussi le plus grand responsable de la catastrophe et le plus grand émetteur des GES actuel. C'est pourquoi tout ce qui sera transféré (ou rendu !) aux classes populaires, sous forme de salaire ou sous forme de services indispensables à la collectivité, réduira mécaniquement les émissions de GES. C'est notamment pour les raisons évoquées ci-dessus que les courants qui se réclament de l’écosocialisme ou de l’écologie sociale affirment que la lutte contre la catastrophe écologique est une lutte de classe.
Il s'agit donc d'entamer une nécessaire décroissance de la consommation d'énergie, et donc de réduire massivement la production, le transport et la consommation de biens... de même que la légitime croissance d'une meilleure distribution du travail utile et des richesses, et de la prise de décision démocratique.
Il est peut-être encore temps, alors que nos sociétés penchent vers l'extrême-droite et l'autoritarisme, voire leur pendant écofasciste, d'inverser la tendance pour une démocratisation radicale de la société et une transition planifiée.
Pour ce faire, rallions dès à présent les travailleurs·euses du public comme du privé, de même que l'ensemble des usagers·ères, à cette vision d'une justice climatique et sociale pour touxtes et de sa mise en œuvre. Partageons-la et discutons-en, continuons de lutter pour la qualité du service public... et faisons preuve d'une solidarité sans faille !
L'AG du SSP région Genève,
Considérant que :
- la crise climatique s'aggrave, menaçant les écosystèmes et les conditions de vie de populations entières, entraînant des conflits de répartition de ressources et richesses et forçant de plus en plus de populations à des migrations de survie ;
- le système économique capitaliste est celui qui détruit la planète, qui accroît les inégalités sociales, qui encourage les riches à surconsommer (créant une disparité au niveau des émissions) et qui dégrade les conditions de travail et de vie de centaines de millions de salarié-e-s et maintient, dans un néo-esclavage, d'autres salarié-e-s de tous âges ;
- sortir du productivisme et des énergies fossiles est donc non seulement une nécessité au vu des limites planétaires et des enjeux environnementaux, mais également un véritable engagement pour la justice sociale et la paix ;
- le travail doit être remis au service de l'humanité et répondre à ses besoins nécessaires pour la vie ; le travail doit être repensé, réduit et partagé ;
- ces problèmes étant internationaux, les propositions et solutions doivent être portées et défendues syndicalement à l'international, ils relèvent du collectif, donc du vivre-ensemble ;
- il incombe à la collectivité de donner les impulsions fortes pour protéger l’environnement et le climat, avec des mesures qui favorisent une meilleure répartition des richesses ;
- seule une forte participation démocratique (des associations d'usager·ères, des forces populaires et des syndicats) peut permettre une réorientation des activités économiques à des fins sociales et écologiques ;
- une des clés pour résoudre la crise climatique est le développement massif de services pour le public respectueux de l’environnement, des d'usager·ères et des salarié·es permettant de répondre aux besoins de la population, notamment dans les soins, le social, l'éducation et l'agriculture ;
- les travailleurs et travailleuses se trouvent de plus en plus exposé·es aux conditions météorologiques extrêmes résultant du changement climatique, ce qui accroît significativement les risques pour leur santé et leur sécurité au travail ;
- il est indéniable que les lois, les conventions collectives, les usages et les habitudes ne fournissent pas une protection adéquate face à ces nouveaux défis ;
- l'Etat-employeur a un devoir de protection envers les employé·es du service public ainsi qu’un devoir d’exemplarité envers la population et les autres employeurs ;
- les emplois les moins bien rémunérés, et parmi les plus éprouvants pour la santé, sont occupés par les couches les plus vulnérables de la société, et souvent les plus féminisés ;
- les responsabilités climatiques des caisses de pension sont importantes ; celles-ci doivent cesser d'investir dans le charbon et le pétrole ainsi que dans tout projet mettant en péril la survie de l'humanité ;
- chacune des solutions proposées doit être évaluée sous l'angle de la justice climatique et sociale; il n'est ni juste ni responsable de faire porter le poids de nos décisions sur d'autres populations ou d'autres générations.
Nous voulons :
- Des lois contraignantes et des investissements majeurs pour une transition écosociale ;
- L'imposition fiscale juste des ultra-riches, des multinationales et de leurs actionnaires pour financer les services pour le public et réparer les dégâts environnementaux et humains que leurs activités ne cessent de causer ;
- La restructuration des entreprises polluantes et/ou allant à l'encontre des intérêts vitaux des populations (ex. armement) et/ou qui violent les conditions de travail et de vie de populations entières par des subventions publiques ciblées ; la socialisation des secteurs de l'énergie et de la finance ;
- La création d’emplois durables et socialement utiles ; une réelle stratégie politique basée sur le renforcement et le développement des services pour le public ;
- Le renforcement de l'accès universel et non discriminatoire aux prestations des services publics et le maintien d'une implantation sur tout le territoire des services publics ;
- La fin des privatisations et la réintégration des services externalisés ; le renforcement et le développement des services publics avec des investissements massifs dans les secteurs essentiels des soins, du social et dans la formation ; leur revalorisation et l'amélioration des conditions de travail ;
- La démocratisation de la gestion du service public avec les travailleur·euses et les usagers-ères ; avec un droit de proposition et une instance de recours indépendante (pour les usager·ères) ;
- Un droit de consultation des travailleur·euses relatif à l'impact écologique de leur service ou entreprise et aux mesures à prendre ;
- Le renforcement des assurances sociales, des prévoyances vieillesse, de l'aide sociale, et ce pour toute personne vivant sur le territoire ;
- La suppression du recours à la sous-traitance et à l’intérim dans toutes les activités à risques;
- La limitation du recours à la sous-traitance et à toutes les formes de précarité (intérim, CDD, CDM, et pour des stages réellement rémunérés) ; imposer le respect des CCT et des normes du travail à l'Etat à toutes les entreprises sous-traitantes ;
- La réduction généralisée du temps de travail, avec maintien du salaire, par le partage des profits générés équitablement, pour un meilleur partage du travail rémunéré, domestique, éducatif et de soins, également entre les genres ;
- Le renforcement de l'AVS - seul pilier solidaire et économiquement solide - ainsi qu’une transparence et une reconversion écologique des placements qui découlent de nos cotisations dans le deuxième pilier, avec un renforcement progressif du 1er pilier au détriment du 2e pilier ;
- L’abaissement de l'âge de la retraite, et une retraite différenciée selon la dangerosité et les risques de la vie au travail ;
- La revalorisation du salaire minimum cantonal et des salaires des fonctions situées en bas de la grille salariale, emplois majoritairement occupés par des femmes et / ou des personnes issues de la migration ;
- La rénovation des bâtiments, tenant compte des critères écologiques et sociaux, dépendant des collectivités publiques qui sont des passoires thermiques, de manière à garantir un bilan énergétique et des conditions de travail améliorées ;
- La mise en œuvre des recommandations du Conseil du climat, en particulier : La mise en place d’assemblées citoyennes délibératives (recommandation 5), L’encouragement à la formation et à la reconversion professionnelle vers les emplois verts par l’introduction d’indemnités couvrant la totalité du salaire durant la formation en entreprise ou en école ainsi que la totalité des frais de formation (recommandation 9), L’institution de mesures obligatoires de protection de la santé au travail en cas de vagues de chaleur adaptées aux secteurs d’activités et en dialogue avec les partenaires sociaux (recommandation 10) ;
- Une prise en charge des transports entre le domicile et le lieu de travail en privilégiant des solutions de mobilité douce.
- L'interdiction, si nécessaire, ou la limitation et l'encadrement du travail en cas de canicule, notamment en limitant les tâches pénibles en extérieur ; la fourniture d’eau et l'installation de douches sur les lieux de travail.
Le SSP Genève s’engage à réfléchir aux moyens de lutte visant à mettre en œuvre ces revendications ou contribuer à leur mise en œuvre. Pour ce faire, il s’organise à l’interne au niveau des différents secteurs, crée un groupe de travail et collabore avec les organisations partenaires et alliées.
Résolution soumise à l’assemblée générale du 23 mai et adoptée formellement au Comité de région du 3 juin 2024
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