Les 190 employé-e-s du Grand Théâtre de Genève sont des employé-e-s municipaux-ales de la Ville de Genève ayant donc des conditions de travail basées sur ce statut de droit public. Ils comprennent du personnel administratif et technique. Les conditions de travail ne sont pas les mêmes car il ne coexiste pas moins de quatre statuts différents au sein du Grand Théâtre: des contrats de droit privé pour le personnel artistique, des contrats de droit privé pour la direction et pour du personnel engagé directement par la Fondation du Grand Théâtre, des contrats de droit public et deux statuts sous le régime de CCT (CCT pour les chœurs et le ballet).
Depuis une année, les salarié-e-s de la Ville de Genève sont informé-e-s de la volonté du Conseil administratif de la Ville de Genève et, depuis le 6 mars dernier, de celle du Conseil municipal d’externaliser leurs conditions de travail en transférant leurs contrats de travail à la Fondation du Grand Théâtre, une fondation de droit public qui emploie déjà 130 collaborateurs-trices actifs-ves dans le domaine artistique. Hormis cette volonté affichée, les employé-e-s ne savent absolument pas de quoi leurs conditions de travail futures seront faites. Soutenu-e-s par les syndicats SSP, SIT et SSRS, les employé-e-s ont signalé à plusieurs reprises leur opposition à ce projet et ont également maintes fois demandé à pouvoir négocier leurs conditions de travail avant que le changement d’employeur soit promulgué. Pour le personnel, il est évident qu’aucune harmonisation des conditions de travail n’est envisageable sans que des moyens financiers supplémentaires soient engagés. Le Conseil municipal étant resté sourd à ces demandes, un préavis de grève a été déposé par le personnel et adressé au Conseil administratif de la Ville de Genève ainsi qu’à la Fondation du Grand Théâtre de Genève pour le jeudi 29 février. Ce préavis était assorti d’une demande urgente de rencontre.
La grève remplace «Idoménée»
Pour toute réponse à cette demande de rendez-vous, les employé-e-s recevront un courriel cosigné par le Conseil administratif et le président de la Fondation dans lequel ils entendent dissuader les employé-e-s de faire la grève et essayent de décrédibiliser les organisations représentatives du personnel. Cette tentative échouera et la grève de protestation aura bien lieu le jeudi 29 février empêchant la représentation de l’opéra Idoménée. Contrairement aux chiffres cités dans la presse, ce ne sont pas moins de 150 personnes sur un effectif total de 320 salarié-e-s (en comptant les 130 salarié-e-s en droit privé qui ont également pris part au mouvement) qui participent à ce débrayage et distribuent des tracts d’information au public afin d’exposer la situation. Dans l’esprit des grévistes, ce mouvement se conçoit comme une grève d’avertissement afin de montrer aux autorités que le personnel ne se contentera pas d’un statut au rabais et ne consent absolument pas à signer un chèque en blanc aux autorités.
Externalisation actée
La grève ne remet malheureusement pas en question la volonté du Conseil municipal, pourtant à majorité de gauche, qui décide du transfert des conditions de travail lors de sa séance des 5 et 6 mars 2024, tout en annonçant que des négociations vont s’ouvrir avec les syndicats le 27 mars 2024. Or, là encore, c’est le désenchantement qui attend les employé-e-s car, en fait de négociations, la partie patronale entend se limiter aux grandes lignes du nouveau statut. En effet, les représentant-e-s du Conseil administratif et de la Fondation du Grand Théâtre de Genève ne sont prêt-e-s à discuter qu’autour du statut du personnel, mais non de ses règlements d’application et autres règlements importants. Ainsi, des éléments essentiels sont tenus hors du champ de ce qui pourrait se discuter lors de ces négociations: règlement du temps de travail, grille salariale, règlement du personnel technique, liste des fonctions pénibles. Toutes ces questions devraient être traitées par le biais de ces divers règlements édictés par le Conseil de Fondation, sans que les employé-e-s aient leur mot à dire, si ce n’est une simple consultation qui n’a pas valeur de négociation. Ce n’est clairement pas acceptable. Nous avons également appris qu’en cas de dégradation des conditions, la conservation des droits acquis ne s’étendrait à ce stade que sur une année, ce qui correspond au minimum fixé par le Code des obligations!
Rester mobilisé-e-s
Les personnels du Grand Théâtre se sont réunis en assemblée générale le 20 mars dernier pour faire un point de la situation. Cette assemblée a été très bien suivie, ce qui indique que la mobilisation est toujours présente. Face à ces négociations très partielles qui s’annoncent, l’assemblée générale a voté une résolution demandant à élargir le champ des négociations aux domaines écartés par la partie patronale. Les travailleurs-euses veulent également qu’un calendrier de négociations soit établi et qu’aucune clause de confidentialité ne vienne empêcher les délégué-e-s aux négociations d’informer leurs collègues. Enfin, en préambule aux négociations et en gage de bonne foi, l’assemblée demande que la question de l’indexation des salaires 2024 des contrats régis par la Fondation, justement (1,45%), soit réglée au plus vite. Nous attendons maintenant la réaction de la partie patronale. Il va de soi que l’organisation de nouvelles mesures de lutte pourrait être remise à l’ordre du jour en fonction du contenu des négociations qui s’annoncent (des négociations qui concerneront également les CCT existantes).