Alors que la fonction d’assistant·e en soins et santé communautaire (ASSC) n’a cessé de se complexifier depuis sa création il y a 20 ans, cette profession n’est toujours pas reconnue à sa juste valeur. Il en résulte une situation à la fois injuste pour les travailleur·euses concerné·es et néfaste pour l’ensemble de notre système de santé, qui peine à attirer et retenir le personnel qualifié dont il a besoin. Convaincus de l’importance de revaloriser cette profession indispensable, plusieurs partis politiques déposent ont déposé une motion pour faire entendre les revendications des ASSC au sein des instances politiques cantonales.
Une fonction essentielle
Depuis 2002, naissance officielle de la fonction d’ASSC en Suisse, le cahier des charges de ces professionnel·les – et, par voie de conséquence, leur parcours de formation – n’a cessé de s’étendre et de se complexifier. « La légitimité des actes de soins accomplis par les ASSC est liée à leurs nouvelles compétences, acquises avec de nombreuses formations complémentaires », précise Marjorie de Chastonay, députée Verte. Dernière en date, une ordonnance fédérale de 2016 leur octroie un nombre significatif de compétences nouvelles, qui sont autant de responsabilités supplémentaires dans l’accompagnement des patient-es qu’ils et elles suivent.
Sans être infirmier·ères, les ASSC n’en sont pas moins des travailleur·euses qualifié·es. « On ne peut pas à acte égal minimiser l’importance de cet acte selon la dénomination de la fonction de l’intervenant », alerte Laurentina Cristina Vais, membre de la délégation des ASSC du SSP. Outre les soins et l’assistance au quotidien, ils et elles accomplissent de manière autonome, sous prescription médicale, une large palette d’actes médico-techniques (prises de sang, injections, renouvellement et contrôle de perfusions, changements de pansements, etc.).
Par leur polyvalence et la prise en charge holistique des patient·es qu’elle permet, les ASSC ne sont rien de moins que les garant·es du bien-être physique, psychique et social des personnes vulnérables au chevet desquelles ils et elles œuvrent quotidiennement. « Les compétences et la polyvalence qui caractérisent leur métier doit être impérativement reconnue et rétribuées à leur juste valeur », souligne Jocelyn Haller, députée d’Ensemble à Gauche (Solidarités, PDT, DaL). « L’intervention des ASSC constitue le trait d’union entre les multiples métiers des domaines socio-éducatif et de la santé». En effet, au sein des hôpitaux, des établissements pour personnes âgées (EMS) ou en situation de handicap (EPH), ou encore par l’intermédiaire de services de soins à domicile, le corps des ASSC est devenu un rouage essentiel de notre système de santé.
…au sein d’un secteur sous tension
Or sous l’influence notamment du vieillissement de la population et de la paupérisation des classes populaires, les besoins médico-sociaux sont en nette augmentation et tout porte à croire que cette tendance ne fera que s’accentuer au cours des prochaines décennies. L’avocat des ASSC du SSP et conseiller national socialiste, Me Dandrès, rappelle que « offrir de bonne condition de travail aux soignant-es, c’est aussi assurer la santé et la sécurité des patient-es ».
Faute de moyens suffisants pour y répondre, et contraint par des exigences de compétitivité et de rentabilité absurdes, le secteur de la santé et des soins à la personne se trouve d’ores et déjà, et depuis plusieurs années, dans une situation critique.
Le personnel formé manque, les recrutements sont difficiles et de nombreux services travaillent à flux tendu, ne permettant pas d’affronter sereinement des épisodes de crise comme en a générés la pandémie de COVID-19. En témoigne l’enquête menée par les HUG, dont les résultats viennent d’être communiqués et qui confirme la souffrance au travail dénoncée depuis longtemps par les syndicats, avec un personnel sous pression et épuisé.
Revaloriser et reconnaitre l’autonomie des ASSC, maintenant !
Face à cette situation, il est urgent de renforcer l’attrait de la fonction d’ASSC en la reconnaissant à sa juste valeur, soit celle d’une profession aussi exigeante qu’indispensable. « Après les applaudissements, place aux actes », revendique Quentin Stauffer, secrétaire syndical SSP.
D’une part, cela doit passer par une revalorisation salariale substantielle, plus importante que celle d’une classe supplémentaire concédée timidement à l’automne dernier par le Conseil d’Etat – décision dont les fondements restent peu clairs et qui paraît bien insuffisante (+85.- francs par mois pour un·e ASSC à plein temps avec 15 ans d’expérience).
D’autre part, il est nécessaire de reconnaître la valeur et la capacité de cette fonction à travailler de manière autonome. « Il est temps de reconnaître notre autonomie et être valorisée à la hauteur de fonction », exigent Maria, ASSC aux Urgences Adultes, et Lucia, ASSC dans un EMS. En accordant aux ASSC leur juste place dans la chaîne de soins, cela permettra et facilitera la collaboration entre les multiples métiers dans le champ de la santé. Cette autonomie renforcera le système de santé et offrira une meilleur qualité des soins pour les patients.
Pour ces raisons, plusieurs partis politiques et des député·e·s, aux côtés des ASSC, en appellent à la reprise du dialogue social et à l’ouverture de négociations transparentes, en vue d’une évaluation de la fonction d’ASSC qui soit juste et en phase avec la réalité de terrain de ce maillon essentiel de la chaîne de soins. «Les ASSC n’en peuvent plus d’attendre. Le Conseil d'Etat doit prendre acte de l'évolution des responsabilités et accepter de mener les négociations au plus vite afin de respecter le partenariat social », conclut Emmanuel Deonna, député PS.