À l’heure où se succèdent les scandales touchant lesinstitutions prenant en charge des personnes en situation de handicap, l’assemblée générale des employeurs de l’association genevoise des organismes d’éducation, d’enseignement et de réinsertion (AGOEER) dénonce la convention collective à laquelle sont soumis·e·s 3000 salarié·e·s, accompagnant plus de 5700 personnes dans le canton.
Les douze employeurs membres de l’AGOEER demandent une renégociation de la CCT et cherchent à détériorer la protection des salarié·e·s contre le licenciement, notamment en réduisant les délais de congé.
Pousser à la précarité
Un délai de congé permet aux personnes de rechercher un nouvel emploi avant de devoir faire appel au chômage. Un délai raccourci pousserait plus rapidement les employé·e·s sortant·e·s vers les portes du chômage, entraînant ainsi une réduction de 20 à 30% de leur revenu. Une telle situation pourrait pousser certain·e·s salarié·e·s vers l’aide sociale.
La CCT prévoit actuellement un entretien d’ajustement comme préalable au licenciement. Cet entretien permet un espace d’écoute entre les parties afin de trouver une adaptation aux besoins réciproques, permettant ainsi d’éviter les licenciements. Les syndicats ont régulièrement soulevé, auprès de diverses institutions, le non-respect de cet article de la CCT. La réponse des employeurs est aujourd’hui… de le supprimer.
Les institutions se plaignent de la difficulté de trouver des employé·e·s mais quelle image donne-t-on à la nouvelle génération d’éducateurs et d’éducatrices, d’assistantes et assistants sociaux-éducatifs (ASE), d’assistant·e·s en soins et en santé communautaire (ASSC) en précarisant ainsi leurs futures conditions de travail ? Car non contents de faciliter le licenciement, les employeurs veulent également retirer les stagiaires et les apprentis de la CCT.
Plus de risques de maltraitance !
Le 2 juin, les syndicats SIT et SSP organisaient une manifestation nommée «balade de la honte» du secteur social. Derrière le micro, les militant·e·s relayaient les mêmes constats sur la dégradation des conditions de travail, et leurs répercussions potentiellement dramatiques sur les personnes accompagnées par les professionnel·le·s. Après le foyer de Mancy, Clair-Bois et l’AGAPE – deux institutions soumises à la CCT AGOEER – ont été pointés du doigt par les médias.
Les institutions soumises à la CCT accompagnent des personnes en situation de handicap, des jeunes en difficultés, des enfants avec des besoins particuliers. Cette population vulnérable a besoin d’un personnel stable et fort. Sans convention collective, les conditions de travail seront détériorées, avec un retour au Code des obligations qui n’offre qu’une protection extrêmement faible. Or lorsque les moyens sont insuffisants, les professionnel·le·s du social et de la santé ne peuvent plus accorder le temps nécessaire au bon traitement de leurs usagers·ères. Nous dénonçons donc la volonté des employeurs de l’AGOEER d’aller à l’encontre de bonnes conditions de travail, qui se répercutera sur la santé de son personnel ainsi que sur l’accompagnement des personnes encadrées.
Mobilisations dès la rentrée
Les syndicats prévoient des mobilisations dès la rentrée, notamment avec des assemblées du personnel organisées dans chaque institution. Les négociations continueront jusqu’en décembre. Nous espérons que la poursuite du dialogue social permettra de trouver une solution afin de maintenir les protections de la CCT actuelle.