Le 23 novembre, plus d’une centaine d’ASSC ont débrayé; un nombre identique de collègues en a été empêché, pour cause de service minimum. La revendication de ces soignant-e-s: une revalorisation de leurs salaires. Une demande lancée en juin 2020, par le biais d’une pétition largement signée, dans toutes les institutions publiques occupant ces professionnel-le-s – EMS, services hospitaliers, institutions sociales et soins à domicile.
Un métier peu valorisé
C’était le début de la crise sanitaire, et les ASSC faisaient partie des personnels particulièrement exposés: le manque de coordination entre institutions, les restrictions de matériel et les collègues malades les avaient obligé-e-s à combler les défaillances du système sanitaire. Depuis, la nécessité de valoriser ces métiers a été reconnue publiquement. Reste à la traduire dans les faits. Car ce métier, essentiellement exercé par des femmes, est peu valorisé – comme si les compétences étaient innées et (presque) bénévoles.
Au fil des ans, les tâches des ASSC ont fortement évolué. Les délégations de compétences et les gestes médico-techniques à maîtriser ont pris l’ascenseur; les responsabilités aussi, tandis que les patient-e-s deviennent plus dépendant-e-s. Cette complexification a mis du temps à être formalisée. Durant deux ans, la délégation des ASSC du SSP a ainsi parcouru les institutions pour discuter avec les collègues, répertorier leurs tâches et intégrer les nouvelles responsabilités dans les cahiers des charges. Ce long exercice s’est heurté à la résistance d’employeurs désireux de garder les ASSC dans l’ombre, pour mieux pouvoir les utiliser. L’organisation de cours de mise à niveau dans le but d’acquérir les compétences exigées par la nouvelle ordonnance fédérale sur les ASSC – celle-ci leur permet notamment d’être actives dans les soins palliatifs, d’intervenir pour désamorcer des crises ou de poser des perfusions médicamenteuses – avait, elle aussi, fait l’objet d’une résistance des organismes chargés de la formation professionnelle. Mais, comme les grévistes l’ont scandé le 23 novembre, les ASSC «ne lâchent rien». C’est cette détermination qui permet à la délégation syndicale de surmonter les obstacles, les uns après les autres.
Non à une demi-reconnaissance
Colloqué-e-s dans une classe trop basse (la 10), les ASSC exigent une réévaluation de leur fonction. Compte tenu de l’évolution du plan de formation qui conduit à l’obtention de leur certificat fédéral de capacité (CFC), de l’augmentation des responsabilités figurant dans les cahiers des charges mis à jour, du manque chronique de personnel, des rythmes de travail qui s’intensifient, des horaires irréguliers et de la charge émotionnelle qui pèsent sur leur santé, les ASSC exigent la classe 12, voire 13. Or en novembre dernier, le Conseil d’Etat a décidé de leur attribuer uniquement la classe 11. Aucune explication n’accompagnait cette étonnante décision, annoncée par voie de presse et vécue comme un camouflet par les professionnel-le-s.
Rebelote le 15 décembre
Les ASSC n’avaient d’autre choix que confirmer leur grève. Puis, dans la foulée de leur belle mobilisation du 23 novembre, ils et elles ont voté un nouveau préavis de grève pour le 15 décembre. Leurs exigences: l’ouverture de négociations avec le Conseil d’Etat et la publication des motifs ayant conduit l’exécutif à leur octroyer une seule classe supplémentaire.
En cas d’ouverture de discussions et/ou d’une nouvelle décision de l’autorité, une assemblée des ASSC pourrait avoir lieu le 8 décembre (17 h 15) au secrétariat du SSP. Restez donc attentives et attentifs aux informations qui circuleront sur les réseaux sociaux et consultez vos mails!
Victoire sur le droit de pratique
Si la bataille pour la revalorisation continue, les ASSC peuvent déjà se réjouir d’un succès sur un autre plan. En décembre 2021, elles avaient en effet appris par la bande que le chef du département de la Santé, Mauro Poggia, prévoyait d’abolir leur droit de pratique dans le cadre de la révision de la loi sur la santé. Les ASSC ont alors bataillé ferme pour faire comprendre aux autorités que l’obligation de disposer d’une autorisation de pratiquer devait être maintenue. Dans cette lutte, la délégation syndicale a été soutenue par l’association des médecins de Genève, ainsi que de nombreuses et nombreux député. Grâce à leur engagement, la loi sur la santé devrait maintenir l’obligation de disposer de l’autorisation de pratiquer pour les ASSC. La lutte paye!
Paroles de grévistes
«Nous méritons la classe 13!»
«Nous sommes révolté-e-s, déçu-e-s, car nous méritons la classe 13! La classe 11 ne représente pas une revalorisation à hauteur de nos compétences. Dans mon équipe, il y a trois collègues qui abandonnent leur métier – en pleine pénurie de personnel! Ces collègues aiment leur job, mais elles n’en peuvent plus de s’épuiser au travail, de voir leur santé se dégrader sans aucune reconnaissance en retour. Il est temps que les ASSC soient payé-e-s à leur juste valeur!»
«Au fil des années, ma charge de travail n’a pas cessé d’augmenter. On attend de moi que je gère des patient-e-s en crise, que j’adopte des compétences complexes en matière de santé mentale. En revanche, l’Etat refuse de reconnaître ces compétences. La demi-revalorisation, c’est non! Si on ne nous accorde pas la classe 12 au moins, je suis prête à refaire la grève!»
«Le matin, nous faisons le même travail que les infirmières; l’après-midi, nous devons nous charger des commissions et du ménage. Nous travaillons souvent le week-end, subissons des horaires coupés, courons dans tous les sens et n’avons pas le temps de prendre nos pauses. Tout cela pour un salaire plus bas que celui des aides administratives! C’est très dévalorisant».
«Nous effectuons beaucoup de soins infirmiers, alors que nous sommes colloqué-e-s cinq classes plus bas dans la grille salariale. Je travaille à temps partiel, mais mon employeur peut m’appeler n’importe quand. Je suis donc à son service la quasi-totalité de mon temps. Cette situation a un impact énorme sur ma vie».
Downloads | ||
---|---|---|
23.11.2022 | Résolution des ASSC du 23 novembre 2022 | PDF (77 kB) |