La lutte sans fin des ASSC qui conduit à une grève!

de: Communiqué de presse des ASSC genevois·e·s

Les assistant-e-s en soins et santé communautaires (ASSC) se mobilisent pour la revalorisation de leur salaire et le maintien de leur droit de pratique.

Conférence de presse des ASSC, 1er novembre 2022

ASSC : profession jeune en manque de reconnaissance


Notre profession d’assistant-e en soins et santé communautaire - ASSC - est une des plus jeunes professions de la santé en Suisse. En tant qu’ASSC, nous participons à la prise en charge globale des patient-e-s, délivrons des soins et une assistance à la vie quotidienne, accomplissons des actes médico-techniques et effectuons des activités administratives. Nous formons aussi les futur-e-s ASSC.

Nos responsabilités sont grandes : les autorités sanitaires cantonales ont estimé, à la création de notre profession, que nous devons être au bénéfice d’une autorisation de pratiquer délivrée pour exercer notre métier.

Il faut rappeler que notre profession, majoritairement féminine, a été créée au début des années 2000 pour pallier le manque chronique de personnel infirmier.

Dès les premières années de pratique, avec notre CFC, nous avons dû lutter pour être admis-e-s en tant que professionnel-le-s qualifié-e-s dans les équipes. Désormais, nous jouons un rôle incontournable dans toutes les institutions et établissements de soins. Et dès le début de la crise sanitaire nous avons été impliquées dans des unités Covid-19 et avons été en première ligne tant dans les EMS que dans les soins à domicile.

Exerçant un métier incontournable dans la chaîne des soins, nous ne jouissons pourtant pas d’une reconnaissance salariale à la hauteur de nos tâches et de nos responsabilités.

En 2020, une pétition munie de 643 signatures, soit plus de 87,6 % des ASSC du canton, réclamait une revalorisation de notre fonction. La pétition a connu un franc succès, pour preuve les 600 premières signatures ont été récoltées en à peine 15 jours ! Les ASSC travaillant dans tous les lieux de soins (HUG, imad, EMS, foyers spécialisés, cliniques privées) demandaient par leur signature une mise à jour de leur cahier des charges et une réévaluation de leur fonction afin d’être colloqué-e-s en classes 12/13.

La pétition a été remise le 30 juin 2020 au Conseiller d'Etat Mauro Poggia.

Depuis la rentrée 2020, notre délégation a entrepris une lutte titanesque pour mettre à jour les cahiers des charges des ASSC dans toutes les institutions de la santé et du social. En effet depuis sa création, notre métier a évolué vers davantage de responsabilités. Cet exercice de mise à jour des cahiers des charges a permis de nous sortir de l’ombre et de faire reconnaître nos propres responsabilités dans la chaîne des soins. Au cours de ce processus, les autorités et certains employeurs ont d’ailleurs clairement reconnu la légitimité de notre lutte. Ainsi, le directeur général des HUG, Monsieur Bertrand Levrat dans un interview télévisée déclarait le 26 0ctoble 2020 « je milite notamment pour une revalorisation salariale des assistantes en soins et santé communautaire et j'ai été entendu en cela par le Conseiller d’état genevois ». Aux HUG, justement, les ASSC travaillent dans des services d’urgence et, contrairement aux autres fonctions du service, comme les infirmiers/ères et les aides-soignantes, ne bénéficient pas d’une classe supplémentaire pour ces prises en charge spécifiques.

Tous les cahiers des charges remis à jour de tous les lieux de soins ont été transmis aux départements de la santé et des finances. Le chef du département de la santé a même confirmé que son département et lui étaient favorables pour la revalorisation de la fonction et que les démarchent étaient en cours. Les promesses sont allées assez loin : ainsi le 22.10.2021, lors d’un entretien avec le même chef de département, nous avons été informées que notre revalorisation serait accordée vers la mi-décembre 2021.

Fin 2021, en lieu et place de la reconnaissance salariale, c’est l’abrogation de l’obligation d’obtenir un droit de pratique qui nous tombe dessus !

Sans aucune consultation préalable, nous apprenons que, pour une question de « simplification administrative », l’obligation légale que notre profession a de disposer d’une autorisation de pratiquer serait tout simplement abolie. Un deuxième front dans notre lutte s’est ouvert avec ce projet désastreux et très dangereux pour notre profession et pour nos patient-e-s. L’autorisation de pratiquer constitue pour nous une sécurité face à des employeurs qui nous demandent toujours plus, parfois trop ! Les discussions sont en cours et nous avons bon espoir d’obtenir gain de cause.

Les deux objets : revalorisation salariale et abolition de l’autorisation de pratique ne seraient pas liés selon les déclarations des autorités. Pour nous, cependant, l’absence de revalorisation salariale et le projet de modification de loi pour abolir l’autorisation de pratique vont dans le même sens : une banalisation inadmissible de la fonction d’ASSC.

En Suisse et ailleurs, tous les voyants sont au rouge pourtant : pénurie grave de personnel de santé et dégradation inévitable des prises en charge. Pour Laurentina Cristina Vais, ASSC et déléguée syndicale du SSP : « Il est urgentissime de rendre plus attractives nos carrières et de reconnaître la pénibilité de notre métier. »

A l’automne 2022, nous sommes toujours et encore soumis-e-s à des conditions de travail particulièrement pénibles, les promesses ne nous suffisent plus. Sans réponses favorables ces prochaines semaines, nous avons dû nous résoudre à voter un préavis de grève pour le 23 novembre 2022.