CPEG: le « cadeau» empoisonné du Conseil d'Etat

Le « sauvetage » de la Caisse de prévoyance de l’Etat de Genève, la CPEG, proposé par le Conseil d’Etat à travers un projet de loi déposé ce jour est un véritable cadeau empoisonné.

Photo Valdemar Verissimo

Sous prétexte d’une situation financière désastreuse, alors que la caisse vient d’atteindre fin septembre le palier de couverture (60%) prévu pour 2020, le gouvernement propose de régler, tout de suite et une fois pour toutes, le financement complémentaire de la CPEG.

Dès lors, il se dit prêt à injecter plus de quatre milliards de francs dans la CPEG de manière à ce qu’elle atteigne immédiatement l’objectif de couverture que la loi fédérale exige pour... 2052 et ceci en échange de «mesures structurelles» majeures modifiant le fonctionnement de la caisse.

En effet, non content d’une telle accélération des temps, le Conseil d’Etat propose que la CPEG s’impose un taux de croissance de 0,5% par an afin d’atteindre une couverture complète, ce qui à terme dégagerait la garantie de l’Etat en cas de coup dur – un krach financier, par exemple – qui mettrait la caisse dans l’impossibilité de respecter ses obligations, à savoir, de verser les rentes.

En même temps, puisqu’il entend réduire de quelque 135 millions par an sa contribution à la CPEG en échange du «cadeau» de 4 milliards, l’Etat baisserait la participation de l’employeur, sa participation, au financement de la caisse.

Cette réduction devrait être compensée par la hausse des cotisations payées par les employé.e.s; le poids du financement du deuxième pilier viendrait ainsi à peser de manière plus importante sur les employé.e.s.

Et surtout, alors que lors de la création de la CPEG en 2013, le gouvernement s’était engagé à ne pas toucher au système de primauté des prestations en vigueur à la CPEG, il propose aujourd’hui que, en échange du «règlement» de la situation de la caisse, le personnel accepte le passage à la primauté des cotisations.

Au-delà du jargon technique, cela signifie que le gouvernement demande aux affilié.e.s à la caisse de renoncer à un système qui permet de connaître à l’avance le montant des rentes du deuxième pilier (actuellement 60% du salaire assuré à la CPEG) au profit d’un système, celui de la primauté des cotisations, où le montant des rentes fluctuerait en fonction des résultats boursiers et du taux de conversion.

Ce sont donc l’incertitude et l’insécurité pour 46'000 affilié.e.s de la caisse, l’augmentation des cotisations et le désengagement de l’Etat que le Conseil d’Etat exige en contrepartie du «cadeau» – de loin pas indispensable – représenté par ces 4 milliards qu’il emprunterait d’ailleurs à la... CPEG.

Aussi, le SSP s’oppose sans réserve à l’abandon du système de primauté des prestations, à la réduction de la participation de l’employeur au financement de la caisse et à la suppression de la garantie de l’Etat. Il demande le retrait pur et simple de ce projet et l’ouverture de négociations sur de nouvelles bases, à savoir nos revendications!

Si le projet est maintenu, le SSP appelle dès lors le Parlement à refuser le projet du Conseil d’Etat, projet dont l’adoption éventuelle serait à combattre tout autant par la voie référendaire que par la mobilisation du personnel sur le terrain, par la grève.

En 2015, c’est à la suite de plusieurs journées de grève que le gouvernement avait été obligé de retirer les «mesures structurelles» qu’il voulait alors imposer; il n’y a pas de raisons de faire autrement contre celles qu’il voudrait nous faire avaler aujourd’hui.

D’ores et déjà le SSP invite les salarié.e.s des services publics à rester vigilants et à se rassembler en participant aux assemblées d’information qui sont organisées par les syndicats.

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