CPEG - Bas de laine en péril? (décembre 2017)

« Aveuglement idéologique! » En combattant la réforme de la CPEG, le SSP mettrait en péril, selon ses détracteurs, nos bas de laine patiemment constitués. Vraiment?

Comme lors de la création de la CPEG en 2013, c’est au nom d’un supposé « réalisme », que certains suscitent la peur parmi le personnel afin qu’il se résigne à ne pas contester une réforme qui augmente les prélèvements salariaux de plus de 11% et réduit de 21% les prestations de la CPEG.

Il y a quatre ans, c’est de peur d’une ultérieure péjoration des conditions de retraite qu’une majorité du Cartel intersyndical avait accepté comme un « moindre mal » la création de la CPEG et la baisse conséquente de 12% des prestations de retraite.

Pacta servanda sunt!

Ce prétendu « réalisme » aurait dû permettre de sauver trois acquis que le Conseil d’Etat s’était engagé à ne pas toucher: la primauté des prestations, le financement de la caisse à hauteur de 66% par l’Etat et la retraite anticipée avec rente pleine pour le personnel soumis à travail pénible.

Aujourd’hui, c’est toujours au nom d’un supposé «réalisme» qu’il faudrait soutenir un projet de loi qui supprime la primauté des prestations, réduit la part de l’Etat au financement de la CPEG et fragilise le droit au départ anticipé pour cause de pénibilité.

Que le Conseil d’Etat ne respecte pas les pactes, comme l’exigeaient les Anciens, ce n’est pas une nouveauté. Que, à la lumière de l’expérience, certains représentants élus du personnel dans le comité de la CPEG, notamment, persévèrent sur le chemin de la résignation relève au mieux de l’aveuglement, au pire de l’irresponsabilité.

Irresponsable!

Au moment où le cumul des anciennes et des nouvelles mesures se traduirait par une réduction de 21% des prestations de retraite, il serait particulièrement malvenu de prétendre que l’acceptation de nouveaux sacrifices nous éviterait le pire.

L’argument est cousu de fil blanc. Puisque, nous dit-on, la CPEG ne pourra pas atteindre l’objectif de croissance prévu pour 2020, il faudrait, coûte que coûte, accepter le projet du Conseil d’Etat pour éviter que l’autorité de surveillance ne prenne des mesures draconiennes contre notre caisse.

Or si, fin 2016, la CPEG affichait un taux de couverture de ses engagements de l’ordre de 57,4%, à la fin de ce mois de septembre, ce taux atteignait 60,1%, soit plus que le taux exigé pour 2020! Cela n’empêche aucunement le Conseil d’Etat et les oiseaux de mauvais augure d’estimer que, « compte tenu des prévisions des experts », dans deux ans la CPEG ne sera pas en mesure de centrer un objectif … déjà atteint aujourd’hui.

Parole d’experts?

Au vu du spectaculaire redressement survenu en 2017, il y a de quoi douter de la pertinence des prévisions de ces « experts ». C’est pourtant sur la base de leurs prophéties catastrophistes qu’il faudrait accéder aux exigences du Conseil d’Etat!

Mais, même en admettant que les soi-disant experts puissent ne pas se tromper, faut-il pour autant accepter les renonciations exigées par le gouvernement? Rien n’est moins sûr, pour deux raisons au moins.

D’une part, un projet de recapitalisation partielle de la CPEG, le PL12095, a été accepté en première lecture par le Parlement en octobre. Il prévoit l’injection par l’Etat des sommes nécessaires pour que la CPEG soit assurée de disposer en 2020 d’un taux de couverture de 60%, selon le plan de recapitalisation, sans toucher à la primauté, au financement et aux dispositions en matière de pénibilité.

C’est ce projet que le Conseil d’Etat refuse de soutenir car cela rendrait vaine sa tentative de réforme structurelle de la CPEG.

Or, contrairement aux prédictions des pseudo-analystes, ce projet aurait des chances de gagner même en cas de référendum puisque, au Parlement, il a bénéficié, en plus du soutien de la gauche, de celui du MCG.

Et les 440 millions?

D’autre part, l’Etat a déjà constitué des réserves pour garantir le respect du chemin de croissance de la CPEG: lors de la présentation des comptes 2015, il avait provisionné 440 millions de francs dans ce but.

Cette provision lui avait permis d’afficher un bilan déficitaire et, partant, de ne pas respecter l’injonction que lui avait faite le Grand Conseil de verser une annuité au personnel en cas de comptes positifs.

Y aurait-il des raisons pour que ces millions provisionnés au prix de nos salaires passent par pertes et profits ou pour compenser une partie des cadeaux que PF17 voudrait offrir aux grandes entreprises?

Débrayage le 4 décembre

Sans la résistance du personnel, le gouvernement, le PLR et ses acolytes et la droite patronale auront beau jeu de renier leurs promesses et exiger, après le petit doigt, la main puis le bras.

C’est pourquoi, au lieu de la résignation à une supposée « réalité », c’est la mobilisation qui est de mise. Car il en va, justement, de nos bas de laine.

Un premier moment de mobilisation, qui ne suffira probablement pas à lui tout seul, aura lieu lundi prochain, 4 décembre, avec un débrayage dès 15h et une manifestation. Ainsi en a décidé l’Assemblée du personnel le 28 novembre.

Paolo Gilardi, membre SSP Région Genève

Lundi 4 décembre: on débraie!

  • Dès 15h, le personnel est appelé à cesser le travail
  • 16h00, Assemblée générale, Palladium
  • 17h30: Manifestation